Lettre ouverte des éleveurs de brebis à Élisabeth BORNE

Lors du Groupe National Loup qui se tiendra le 3 juillet prochain, il sera annoncé une baisse de l’estimation de la population loups pour l’année 2023. Pour la FNO, il est inconcevable d’afficher une baisse de l’effectif de loups alors que le nombre de constats d’attaques et de victimes a augmenté en 2022 de plus de 20%, et à date de 16% en 2023.

C’est pourquoi la FNO a envoyé une lettre ouverte à la Première ministre ainsi qu’aux parlementaires pour alerter et demander de revoir la position du gouvernement sur le plan national loup. Afin de faire monter la pression en amont du GNL du 3 juillet, la FNO vous invite à vous tourner vers vos parlementaires dès cette semaine, pour qu’ils questionnent le gouvernement sur sa gestion de la prédation. A travers cette action, le but est d’interpeler la Première ministre et d’obtenir un arbitrage politique en faveur de l’élevage. Vous trouverez en pièces jointes une note résumant les propositions de la FNO pour le prochain plan loup et la lettre ouverte. Par ailleurs, nous laissons libre choix aux départements de mener des actions au niveau local.

« Le loup n’est plus une espèce menacée de disparition, en France. Nos troupeaux de brebis qui produisent de l’alimentation pour les populations et façonnent les paysages, si. »

Lettre ouverte des éleveurs de brebis à Élisabeth BORNE :

Madame la Première Ministre,

 

Le saviez-vous ? La population de loups en France est passée, selon les comptages officiels, de 530 individus en 2019, à 921 en 2022. Les loups étaient présents dans une dizaine de départements de l’hexagone en 2009, ils évoluent désormais dans plus de 50 départements.

Des chiffres de croissance qui contrastent, tristement, avec les tendances de notre secteur : la France comptait 95 000 élevages avec des brebis en 2000, elle n’en compte plus que 35 541 aujourd’hui (source : GEB Institut de l’élevage). Et cette diminution pourrait bien s’accélérer, au regard des départs massifs à la retraite d’éleveurs qui s’annoncent, au cours des dix prochaines années.

A l’heure de l’élaboration du prochain Plan Loup pour la période 2024-2029, cette question se pose donc, plus criante que jamais : le Gouvernement choisit-il la protection du loup, ou celle des éleveurs ?

Sa priorité est-elle de s’assurer que les territoires français sont occupés par toujours plus de loups et autres grands prédateurs ? Ou, au contraire, d’aider les éleveurs à maintenir en vie leurs troupeaux de brebis qui produisent du lait, de la viande et de la laine, tout en façonnant les paysages, stockant du carbone et préservant la biodiversité ?

Car sur ce sujet comme sur d’autres, malheureusement, le « en même temps » n’est plus possible. Il a déjà causé trop de souffrance et de détresse, pour les éleveurs comme pour leurs animaux prédatés.  En 2021, ce sont 3 720 attaques et 11 641 victimes qui ont été dénombrées, en France. Des attaques qui ne cessent de s’amplifier, en nombre et en violence, année après année.

Et ce « en même temps » coûte cher ! Les dépenses publiques liées au loup s’élèvent aujourd’hui à 35 millions d’euros. Des montants faramineux qui ne couvrent pas, pourtant, tous les besoins en protection des éleveurs, contraints d’apporter 20% en moyenne des dépenses engendrées par le risque de prédation. Et qui ne permettent pas d’indemniser l’ensemble des éleveurs attaqués.

C’est pourquoi, Madame la Première Ministre, alors que la Préfète coordonnatrice réunira les acteurs du secteur le 3 juillet prochain, nous vous lançons cet appel : choisissez-nous ! Misez sur notre travail, misez sur nos brebis pour faire rayonner nos campagnes et entretenir nos prairies.

Sortez l’administration française de la posture dogmatique qui consiste à surprotéger une espèce qui n’est plus menacée. Au contraire, faites confiance aux femmes et aux hommes de notre secteur, premiers acteurs engagés pour la nature. Des femmes et des hommes qui ne demandent que les moyens de se défendre efficacement pour continuer à maintenir en vie leurs troupeaux, leur activité, leur métier.

Moyens d’accompagnement, protocoles de tirs, conditions d’indemnisation, mais aussi méthode de comptage de loups alors que le précédent plan loup a contribué à abimer la confiance entre les éleveurs et l’administration : c’est une réforme en profondeur de ce plan national, adaptée aux nouveaux enjeux et empreinte de réalisme, qui doit désormais être engagée.

Nous vous remercions, Madame la Première Ministre, pour les choix que vous saurez prendre et la volonté que vous saurez mettre dans la protection nécessaire de notre secteur menacé, que bon nombre de Françaises et de Français jugent, encore, particulièrement utile à la société.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame la Première Ministre, l’expression de notre très haute considération.