Biologie du Loup

Le Canis lupus

Il existe plusieurs sous-espèces de loup – Canis lupus – à travers le monde. La sous-espèce qui fréquente le territoire français est la souche italienne : le Canis lupus italicus.

Biologie du loup : caractéristiques

Les individus pèsent environ 35 kg pour le mâle et 30 kg pour la femelle. Ils mesurent entre 65 et 70 cm au garrot pour une longueur d’environ 110 centimètres plus 35 centimètres de queue. Leur taille est assez semblable à celle d’un grand Berger allemand un peu haut sur pattes et plus efflanqué. Le pelage est variable entre le brun, le roux et le gris. Certaines zones sont généralement très sombres et d’autres très claires.

Une espèce adaptable

Au niveau de ses exigences, le loup est très adaptable. Il est capable de vivre dans des milieux très variés : zones céréalières et plantations de pins en Espagne, plantations d’eucalyptus au Portugal, plateau semi-aride du Golan en Israël/Syrie, désert du Sinaï en Égypte, zones arctiques de Sibérie, grandes forêts de Pologne… La présence d’activité humaine n’est pas un obstacle à l’implantation et au développement de l’espèce. En France, il est susceptible de recoloniser l’ensemble du territoire. La présence d’activité humaine et l’urbanisation ne sont pas un frein au développement de l’espèce. Il peut vivre à proximité de milieux fortement anthropisés.

Un prédateur opportuniste

Le loup est également un grand prédateur très opportuniste. Il adapte son régime alimentaire à la disponibilité en nourriture. Il consomme chaque jour entre 4 et 5 kg de viande. Les scientifiques s’accordent généralement pour dire qu’une grande partie de son alimentation est constituée de proies sauvages. Dans les zones d’élevages, les animaux domestiques font régulièrement partie de son alimentation et parfois de façon non négligeable.

Le régime alimentaire des loups en France
Le bilan de 15 années de surveillance

loup-photo

Répartition du Loup

Un espèce bien présente sur la planète

Le loup est une espèce à la dynamique extrêmement vigoureuse, remarquablement adaptée à tous les environnements : toundra, forêt, steppe, désert, grandes plaines céréalières, montagne, abords des grandes villes.

Le loup n’est pas une espèce rare et menacée. La planète Terre compterait 350 000 loups. L’espèce est en progression sur tous les continents. Les plus gros réservoirs de loups sont le Canada, la Russie, la Mongolie, l’Asie Centrale et l’Union Européenne. Avec plus de 15 000 loups, l’Europe a déjà une population plus importante que les Etats-Unis, Alaska compris !

carte-loup

Répartition du loup : plus de 500 loups en France!

En France, c’est une population de plus de 500 loups avec une croissance de 20 % par an qui, après les Alpes, colonise la Franche-Comté, la Lorraine, la Champagne, le Sud du Massif Central et l’Est des Pyrénées.

En 2018, 524 communes ont une présence régulière de l’espèce et 434 ont une présence qualifiée d’irrégulière. Au total, près de 960 communes sont concernés par la présence de loup ce qui se traduit dans la majorité des cas par des attaques sur les troupeaux. La répartition du loup est en constante augmentation et l’espèce ne fréquente plus seulement les montagnes des Alpes du Sud.

Faut-il mettre en péril l’élevage des moutons, les paysages qu’ils entretiennent et le patrimoine culturel immémorial transmis par les bergers pour rajouter encore quelques centaines de loups sur nos territoires ?

Cadre juridique

Le loup (Canis lupus) est une espèce strictement protégée

Le loup a été retiré de la liste des espèces protégées menacées d’extinction en France par l’arrêté ministériel du 27 mai 2009. Mais il reste toujours soumis au principe de protection stricte au niveau international et national (voir encadré), alors que les dommages sur les troupeaux et la vie des éleveurs continuent de s’accroître au fil des années. Un déclassement du loup en tant qu’espèce strictement protégée dans les textes demeure nécessaire pour assurer la survie de l’élevage français en plein air et pour donner plus de souplesse aux éleveurs dans la régulation de cette espèce.

Ce principe de protection entraîne comme conséquence l’interdiction d’actes de destruction, de capture, de détention, de perturbation intentionnelle ou de commerce des espèces lupines.

Toutefois, la France a activé une dérogation afin d’assurer la survie de l’élevage au vu de nombreuses attaques. Un bilan biologique du nombre de loups présents en France est réalisé par l’Office national de la biodiversité (OFB – Cf biologie du loup), sur la base duquel un nombre limité de loups peuvent être détruits annuellement pour limiter la pression de prédation. Des autorisations de tirs sont délivrées selon un protocole strict, et seulement à condition que les attaques soient répétées et que des moyens de protection aient déjà été mis en place sur l’élevage.

La destruction de loups intervient sur arrêté préfectoral et seulement suite à des attaques constatées :

  • Un premier niveau consiste en des « tirs de défense », qui autorisent les éleveurs et les bergers à tirer sur les loups à proximité de leur troupeau. La finalité de ces tirs est avant tout la protection du troupeau.
  • Un deuxième niveau consiste en des « tirs de prélèvements », qui donnent la possibilité à des agents habilités par l’Etat (agents de l’OFB, lieutenants de louveterie, etc.) de tirer sur un loup. Depuis 2014, les chasseurs sont autorisés dans le cadre de leurs opérations de chasse de gibier à appuyer les éleveurs dans le cadre des tirs de prélèvement, selon une procédure encadrée.

Au niveau international

  • Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe ;
  • Convention de Washington du 3 mars 1973 relative au contrôle du commerce international des espèces de flore et de faune menacées d’extinction.

Au niveau européen

  • Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.

Au niveau national

  • Code de l’environnement aux articles L.411-1 et 2 et R. 411-1 à R. 411-5 ;
  • Arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des espèces de mammifères protégés sur le territoire national (le loup fait partie de cette liste depuis l’arrêté ministériel du 10 octobre 1996).
  • Plan national d’actions 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage

Les dégâts du Loup

En 2019, le loup c’est :

Source : DREAL Auvergne-Rhône-Alpes

3742
attaques
12451
animaux tués
30
de dépenses publiques au moins
34
départements touchés
degats loup 2019

Le loup fait plus de 12 000 victimes par an

Depuis sa réapparition dans les Alpes du Sud en 1992, les dégâts du loup n’ont cessé d’augmenter, faisant subir une pression à un nombre grandissant d’éleveurs dans un secteur géographique toujours plus étendu.

En 2019, le bilan officiel indique que le nombre d’attaques de loup recensées sont estimés à 3 087 sur 30 départements, causant environ 12 487 bêtes tuées sur l’année (site DREAL AURA).

Pour l’année 2020, le bilan annuel n’est pas encore établi mais en date du 30 septembre, 2917 attaques avaient déjà été constatées, ayant engendré 9084 animaux tués.

Le coût du Loup

Evolution du coût du Loup

Somme des indemnités perçues pour les victimes et des aides pour la mise en place des moyens de protection

2004

1 794 255 €

6%

2005

3 216 105 €

11%

2006

4 002 861 €

11%

2007

4 912 930 €

14%

2008

5 694 577 €

17%

2009

6 292 293 €

22%

2010

7 466 596 €

26%

2011

8 961 547 €

31%

2012

10 735 880 €

38%

2013

12 413 574 €

44%

2014

14 757 362 €

52%

2015

21 463 460 €

76%

2016

25 791 000 €

91%

2017

26 410 000 €

93%

2018

28 100 000

100%

2019

30 200 000

100%

Le loup coûte cher !

En 2019, le coût du loup s’élevait à plus de 30 millions d’Euros, comprenant :

  • 3 070 000 € pour l’indemnisation des pertes
  • 26 840 000 € pour la mise en place des moyens de protection + 110 000 € de crédits d’urgence

À ce coût financé par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable et par celui de l’Agriculture, une part non négligeable d’au moins 20 % est supportée par les éleveurs. Les moyens de protection ne sont subventionnés qu’à hauteur de 80 % pour la plupart et les pertes indirectes de l’éleveur (animaux disparus lorsd’attaques, avortement de femelles gestantes en raison du stress provoqué par une attaque, …) sont indemnisées que partiellement voire pas du tout. On estime qu’il faut ajouter au moins 4 000 000 € financés par les éleveurs pour payer la part des moyens de protection non prise en charge par les aides d’Etat. (voir page sur l’impact économique du loup).

Pour une population autour de 500 loups adultes recensée en France, chaque loup coûte donc au bas mot autour de 60 000 € par an aux contribuables.

Et Si….

Si l’espèce devait coloniser pleinement le Massif Central, l’Est de la France et les Pyrénées où les premiers individus ont été repérés, ce montant annuel (aux vues des effectifs de moutons de ces régions et de leur système d’élevage) serait multiplié par 10 ou 20.

Les sommes engagées pour limiter et indemniser les dégâts de ce prédateur et pour assurer son suivi pourraient être réemployées par nos Ministères pour préserver de nombreuses espèces de faune et de flore rares et menacées mais également pour soutenir l’économie dans les zones rurales en finançant des postes d’institutrices ou d’agent postal qui font tant défaut actuellement dans ces régions.

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