Arrêté sur les tirs de défense et estimation de la population lupine : une nouvelle occasion manquée pour protéger les élevages

COMMUNIQUE DE PRESSE – 1er décembre 2025

 

L’arrêté actuellement en consultation publique était très attendu par les éleveurs, après les annonces du déclassement du loup par Bruxelles et l’engagement, en septembre, d’évoluer vers un régime déclaratif pour les tirs de défense. Cette évolution constituait une première avancée, permettant en théorie aux éleveurs en zone de prédation de défendre leur troupeau sans attendre d’autorisation préalable.

Pourtant, le texte présenté constitue une très forte déception, bien en deçà des attentes et des besoins concrets sur le terrain. Il n’est pas à la hauteur de ce qui avait été annoncé et ne représente en rien la « révolution » attendue dans la gestion du loup. Alors même que le cadre européen offre désormais la possibilité d’aller plus loin, la France ne s’approprie pas pleinement cette opportunité.

« L’arrêté reste timoré, minimaliste, et ne traduit pas dans les faits les marges d’action ouvertes par Bruxelles », dénonce Claude Font, éleveur de brebis en Haute-Loire et en charge du dossier prédation pour la FNO.

Une avancée partielle, un dispositif toujours trop lourd

L’arrêté prévoit bien que le tir de défense devienne accessible par simple déclaration pour les élevages ovins et caprins situés dans les zones prédatées, et qu’il ne soit plus nécessaire de mettre en place des mesures de protection pour en bénéficier.

Toutefois, à chaque avancée annoncée viennent immédiatement se greffer de nouvelles contraintes : le texte maintient une architecture administrative lourde, puisque chaque tir doit être signalé sans délai au préfet, permettant un suivi strict du plafond national, qui demeure inchangé à 19% de la population lupine.

« Au regard des annonces initiales, cet arrêté fait l’effet d’une douche froide : il ne soulage pas la vie des éleveurs et ne garantit toujours pas une défense effective des troupeaux. À chaque progrès espéré se substituent de nouvelles mesures déclaratives et une conditionnalité accrue, qui continuent d’alourdir le dispositif au lieu de le simplifier réellement.», affirme Claude Font.

Relever d’urgence le taux de prélèvements

La nouvelle estimation de l’OFB établit la population lupine entre 989 et 1187 individus, pour une valeur moyenne de 1082 loups, supérieure à celle de l’an passé (1013 loups). Avec une population en progression, les dommages subis par les élevages, eux, continuent d’exploser : +26% en un an.

Cette hausse confirme la pression croissante exercée sur les systèmes pastoraux, l’extension des fronts de colonisation et l’insuffisance des outils de régulation existants. L’augmentation de la population lupine n’a aucun rapport avec la réalité de la prédation vécue dans les territoires : les attaques augmentent, les troupeaux se font croquer, et les éleveurs sont abandonnés.

La FNO réaffirme que le plafond de 19% est totalement déconnecté de la réalité de terrain. Il n’offre aucune marge d’action suffisante pour enrayer la spirale des attaques et sécuriser la pérennité des élevages. Ce plafond est devenu le point de blocage majeur : tant qu’il ne bougera pas, les protocoles pourront être ajustés à la marge, mais rien ne changera concrètement pour les éleveurs.

On tente d’améliorer le protocole de tirs, mais si on ne touche pas au 19 %, tout le dispositif reste neutralisé. Il doit être revu sans attendre.

La FNO demande donc un relèvement immédiat du taux de prélèvements et un changement complet de logique. « La fixation des niveaux de tirs ne peut plus reposer uniquement sur l’estimation de la population lupine : elle doit intégrer la pression réelle de prédation, les dynamiques locales et les dégâts constatés sur le terrain. La FNO rappelle qu’elle a formulé des propositions précises, argumentées, constructives à l’administration ces dernières semaines. Mais ces demandes n’ont hélas pas été prises en compte. » déplore Claude Font.