Le loup gris, ou Canis lupus, est un prédateur emblématique présent dans de nombreuses régions du monde.

Caractéristiques physiques

Le loup adulte pèse en moyenne 35 kg pour le mâle et 30 kg pour la femelle. Il mesure environ 65 à 70 cm au garrot, pour une longueur totale d’environ 1,45 m (queue comprise).
Son apparence rappelle celle d’un grand Berger allemand, plus élancé. Son pelage varie du gris au brun, avec des zones plus claires ou plus foncées.

Un animal très adaptable

Le loup peut vivre dans des milieux extrêmement variés : forêts, montagnes, steppes, zones agricoles, voire à proximité de zones urbanisées.
Sa capacité d’adaptation exceptionnelle lui permet aujourd’hui de recoloniser l’ensemble du territoire français, malgré la présence humaine.

Un prédateur opportuniste

Le loup consomme en moyenne 4 à 5 kg de viande par jour. Il adapte son régime en fonction des ressources disponibles :

  • Il se nourrit principalement de proies sauvages (chevreuils, sangliers…).
  • Mais dans les zones d’élevage, les animaux domestiques peuvent aussi représenter une part significative de son alimentation.

La population lupine

Considérés comme éradiqués en France depuis 1937, les Canis lupus ou communément appelés loups gris sont réapparus progressivement dans l’Hexagone à partir de 1992. Venus d’Italie et repérés dans le Mercantour, les loups, espèce protégée, sont aujourd’hui de plus en plus nombreux sur le territoire. En décembre 2024, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) estime la population lupine à 1013 individus (soit +91% depuis 2019).

Récemment, ils ont pointé le bout de leurs museaux en Normandie, en Île de France, en Charente-Maritime, dans le Béarn, dans le Limousin ou encore en Bourgogne. Là où, parfois, on ne l’avait pas aperçu depuis plus d’un siècle. En 31 mai 2025, 59 départements ont été prédatés2. Si la nouvelle réjouit certains, elle nous impose le défi de faire coexister les activités d’élevage avec ces grands prédateurs…

LE SAVIEZ-VOUS ?

Fragmentation des meutes et dispersion

Les loups vivent en meutes sédentarisées sur un territoire donné. En France, une meute est en moyenne composée de 4 à 6 animaux mais elle peut aussi comprendre plus d’une dizaine d’individus. Chaque meute défend son territoire contre une autre meute.

Si les effectifs dépassent un seuil dans une meute, des loups mâles ou femelles partent alors coloniser de nouveaux territoires, augmentant ainsi sa présence géographique à de nouveaux départements. Ces loups solitaires peuvent parcourir

des centaines de kilomètres par jour à la recherche de nourriture ou d’un partenaire pour créer une nouvelle meute.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le loup : une espèce loin d’être rare

Le loup gris est l’un des carnivores les plus adaptables de la planète. Il prospère dans une incroyable variété de milieux : toundras, forêts, déserts, montagnes, zones agricoles… et même en périphérie des grandes villes.

Contrairement aux idées reçues, le loup n’est pas une espèce menacée à l’échelle mondiale.

On estime à 350 000 le nombre de loups dans le monde.
La population est en expansion sur tous les continents.
Avec plus de 15 000 loups, l’Union européenne abrite désormais plus de loups que les États-Unis, Alaska compris.

1993

0%

1994

1%

1995

3%

1996

6%

1997

7%

1998

9%

1999

15%

2000

11%

2001

15%

2002

21%

2003

17%

2004

22%

2005

29%

2006

20%

2007

24%

2008

22%

2009

25%

2010

32%

2011

38%

2012

47%

2013

48%

2014

71%

2015

68%

2016

76%

2017

92%

2018

96%

2019

93%

2020

87%

2024

81%

2023

82%

2022

94%

2021

81%

Les dégats des loups

Le loup fait plus de 10 000 victimes par an

Depuis sa réapparition en 1992, les dégâts du loup n’ont cessé d’augmenter, faisant subir une pression à un nombre grandissant d’éleveurs dans un secteur géographique toujours plus étendu.

En 2024, le bilan officiel[1]  indique que le nombre d’attaques de loup recensées sont estimés à 3831, causant environ 10 524 bêtes tuées indemnisables.

Au 15 juin 2025, le bilan est de 1409 attaques avaient déjà été constatées, ayant engendré 4482 animaux tués, soit une forte hausse par rapport à l’an passé sur la même période

[1] DTT(M) – DREAL Auvergne-Rhône-Alpes

Le Cadre juridique

Vers un changement du statut de protection ?

Le loup a longtemps été classé en espèce strictement protégée par la Convention de Berne (1979), ratifiée par la France en 1990. Ce statut interdit en principe toute destruction volontaire de l’animal, sauf dérogation spécifique. Le loup a été retiré de la liste des espèces protégées menacées d’extinction en France par l’arrêté ministériel du 27 mai 2009. Mais il reste toujours soumis au principe de protection stricte au niveau international et national (voir encadré), alors que les dommages sur les troupeaux et la vie des éleveurs continuent de s’accroître au fil des années. En effet, ce principe de protection entraîne comme conséquence l’interdiction d’actes de destruction, de capture, de détention, de perturbation intentionnelle ou de commerce des espèces lupines.

Face à la hausse des effectifs et à l’extension rapide de son aire de répartition en Europe, plusieurs États, dont la France, ont demandé depuis plusieurs années une révision du statut de protection du loup, en s’appuyant sur des arguments scientifiques et socio-économiques. Le déclassement du loup n’impliquerait pas sa mise en danger, puisque le seuil de viabilité de l’espèce, estimé à 500 individus, est atteint en France depuis 2019, confirmant que le loup n’est plus une espèce menacée à l’échelle nationale. Mais il permettrait de concilier préservation de la biodiversité et survie des systèmes d’élevage extensif.

En décembre 2023, la Commission européenne a reconnu que le loup n’était plus une espèce menacée dans de nombreuses régions, et a proposé de faire passer son statut de protection de « strictement protégé » à « protégé ».

La France, soutenue par d’autres pays concernés comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suède, a porté la proposition de la Commission Européenne auprès des pouvoirs publics. La proposition a ensuite été examinée par le Comité permanent de la Convention de Berne en décembre 2024 qui a validé le changement dans la Convention de Berne, puis par le Parlement et le Conseil européens ont validé ce changement de statut dans la directive Habitats. Il s’agit maintenant de traduire ce changement dans le droit français et le plan national loup.

Pour la filière ovine, représentée par la FNO, il s’agit d’un enjeu crucial : adapter la réglementation à la réalité du terrain et protéger durablement les élevages. Ce déclassement permettrait d’assouplir les conditions de gestion, notamment en facilitant les tirs de défense ou de régulation.

Mais pour l’heure, le loup est toujours une espèce strictement protégée en France.

Au niveau international

  • Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe ;
  • Convention de Washington du 3 mars 1973 relative au contrôle du commerce international des espèces de flore et de faune menacées d’extinction.

Au niveau européen

  • Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.

Au niveau national

  • Code de l’environnement aux articles L.411-1 et 2 et R. 411-1 à R. 411-5 ;
  • Arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des espèces de mammifères protégés sur le territoire national (le loup fait partie de cette liste depuis l’arrêté ministériel du 10 octobre 1996).
  • Plan national d’actions 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage

VIDEO MICHELE

Les moyens de protection mises à la disposition des éleveurs

Face à la prédation du loup, les éleveurs doivent mettre en œuvre plusieurs moyens de protection reconnus et financés par l’État et l’Europe. Parmi eux figurent :

  • le parcage des troupeaux (avec des clôtures électrifiées, notamment la nuit)
  • le gardiennage renforcé, avec la présence constante de bergers
  • les chiens de protection (comme les Patous ou Maremme-Abruzzes), élevés au sein du troupeau.

Ces moyens sont efficaces dans une certaine mesure, mais ils génèrent aussi des surcoûts, des conflits d’usage (notamment avec les randonneurs), et un alourdissement considérable du travail des éleveurs.

 

Les louvetiers, agents bénévoles nommés par le préfet, interviennent à la demande de l’État dans le cadre de la régulation des espèces susceptibles de causer des dommages, notamment les loups. Ils agissent dans les cas d’attaques répétées sur les troupeaux, lorsque les moyens de protection (chiens, parcs de nuit, gardiennage) sont jugés insuffisants. Leur mission principale est de mettre en œuvre des tirs de défense ou des tirs de prélèvement autorisés par arrêté préfectoral. Ils interviennent également pour protéger la sécurité publique lorsque la présence du loup est avérée à proximité des habitations ou dans des zones très fréquentées.

Chaque année, le nombre de loups pouvant être prélevés en France est fixé à 19 % de l’effectif moyen estimé par l’OFB conformément au plan loup.

GLOSSAIRE

>>> Le tir de défense est une mesure dérogatoire autorisée par l’État pour protéger un troupeau en cas de menace immédiate ou d’attaque avérée de loup, sans chercher à réguler la population lupine. Les actions de tir sont autorisées en complément des moyens de protection classiques, lorsque ceux-ci se révèlent insuffisants face à la prédation. Ils sont réalisés de jour comme de nuit. Le tir de défense peut être :

  • Simple : réalisé par l’éleveur ayant un permis de chasse ou un tireur habilité après une attaque, dans une zone et une durée limitées.
  • Renforcé : autorisé dans certaines zones avec plusieurs tireurs et sans obligation de présence immédiate d’un loup.

>>> Le tir de prélèvement ou tir de régulation vise à réduire localement la pression de prédation en éliminant un ou plusieurs loups de manière proactive, en dehors d’une situation d’attaque en cours. Ils sont mis en œuvre à titre préventif, sur autorisation préfectorale, dans des zones particulièrement touchées par les attaques, afin de réduire localement la pression de prédation. Ces tirs sont réalisés par des agents habilités (louvetiers, chasseurs agréés, brigades spécialisées) et peut s’étendre sur plusieurs jours ou semaines.

Les moyens de protection des troupeaux encadrés par le Plan national Loup

Le Plan National d’Actions loup et activités d’élevage 2024–2029 est la nouvelle feuille de route adoptée par l’État pour encadrer la gestion du loup en France. Il vise à concilier la préservation de l’espèce, strictement protégée au niveau européen, avec la protection des activités d’élevage, particulièrement touchées par la prédation.

Le plan repose sur trois grands axes :

  • conserver et améliorer la connaissance de la population lupine,
  • prévenir et gérer les attaques sur les troupeaux (chiens, parcs, effarouchement),
  • et soutenir l’élevage et le pastoralisme.

Parmi les nouveautés figurent une meilleure reconnaissance du statut des chiens de protection, l’identification de zones de vulnérabilité, et une simplification du protocole de prélèvement. L’objectif est d’assurer une gestion adaptative, transparente, et partagée entre acteurs du territoire, tout en maintenant la viabilité du loup et celle des systèmes pastoraux.

Le loup coûte cher !

En 2023, le coût du loup s’élevait à plus de 40 millions d’euros, comprenant[1] :

  • 3 820 000 € pour l’indemnisation des pertes
  • 36 500 000 € pour la mise en place des moyens de protection

À ce coût financé par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable et par celui de l’Agriculture, une part non négligeable d’au moins 20 % est supportée par les éleveurs. Les moyens de protection ne sont subventionnés qu’à hauteur de 80 % pour la plupart et les pertes indirectes de l’éleveur (animaux disparus lors d’attaques, avortement de femelles gestantes en raison du stress provoqué par une attaque, …) sont indemnisées que partiellement voire pas du tout. On estime qu’il faut ajouter au moins 4 000 000 € financés par les éleveurs pour payer la part des moyens de protection non prise en charge par les aides d’Etat.

A noter que ce cout augmente de manière exponentielle depuis plus de 20 ans. En 2004, le cout était estimé à 1,8 millions €, puis 14,7 millions € en 2024, pour arriver à près de 44 millions € en 2024 !

[1] Groupe National Loup (présentations DRAAF er DREAL AURA)

2018

28,1 M€

63%

2019

30 M€

67%

2020

32,6 M€

73%

2021

33,9 M€

76%

2022

36,7 M€

82%

2023

40,3 M€

90%

2024

44,3 M€

100%