Qui sommes nous ? La voix des éleveurs de brebis en France

Créée en 1946, la Fédération Nationale Ovine (FNO) est le syndicat national spécialisé dans l’élevage ovin. Elle représente et défend les intérêts des éleveurs de brebis français, qu’ils produisent de la viande ou du lait, sur l’ensemble du territoire.

La FNO est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, en France comme en Europe, pour toutes les questions liées à la production ovine :

  • politique agricole commune (PAC)
  • économie et structuration de la filière
  • génétique et amélioration des races
  • santé animale et réglementation
  • bien-être animal
  • agri-environnement et climat

Elle joue un rôle actif dans le suivi des politiques européennes et veille à leur bonne application au niveau national, dans l’intérêt des éleveurs.

Un syndicat de terrain, au service des éleveurs

La FNO fédère les syndicats ovins départementaux, sur lesquels elle s’appuie pour relayer les préoccupations du terrain et construire des positions représentatives.
Elle accompagne les éleveurs dans l’organisation de la filière, la valorisation des produits et les démarches de qualité (Label Rouge, IGP, AOP…).

La FNO prend également part aux travaux techniques visant à améliorer les conditions de travail, la rentabilité et la reconnaissance du métier d’éleveur ovin.

Une mobilisation forte face à la prédation

Face à la montée des attaques de loups, ours et lynx, la FNO s’engage aux côtés, de la Fédération Nationale Bovine (FNB), de la Fédération des Producteurs de Lait (FNPL) et de la Fédération Caprine (FNEC) pour défendre l’élevage en plein air et porter des propositions concrètes.

Ces organisations, aux côtés de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs (JA) et de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), forment le Collectif Agricole Français sur le Loup (CAF Loup), qui dialogue

Nos revendications

L’objectif principal, c’est de permettre aux éleveurs de vivre correctement de leur travail.
Pour cela, il faut que leurs élevages soient rentables et qu’ils puissent travailler dans des conditions dignes et sereines.

Cela implique plusieurs demandes concrètes :

  • Zéro attaque : l’éleveur doit pouvoir défendre son troupeau à tout moment.
  • Un droit automatique de défense des troupeaux déconnecté de tout plafond de prélèvement, afin d’assurer la protection en permanence des troupeaux en cas d’attaque du prédateur, quel que soit le territoire. Ce dispositif ne doit pas impacter le plafond de prélèvement de l’année suivante.
  • Le refus du traitement différencié entre les éleveurs et les territoires.
  • Le refus de toute conditionnalité relative à la mise en place des moyens de protection pour le versement des indemnisations liées aux dommages causés par les prédateurs.
  • La contractualisation volontaire des mesures de protection doit concerner tous les animaux domestiques y compris les bovins, les équins, et être étendue à tous les prédateurs.
  • Un droit au régime dérogatoire efficace pour les éleveurs bénéficiaires prédatés de l’aide ovine
  • Les éleveurs doivent continuer à bénéficier des tirs (prélèvement et défense) pendant toute la durée de la campagne, sans aucune restriction
  • Le déclassement du loup de la Convention de Berne et de la Directive Habitats
  • Le refus de toute réintroduction d’ours et de lynx en France

Ce qui mobilise la FNO aujourd’hui

« L’objectif partagé par tous les acteurs de ce dossier reste la baisse effective de la prédation. Or, malgré les efforts engagés, aucune partie prenante ne se satisfait des résultats actuels, faute de réelle progression.

Il est temps d’ouvrir le champ des possibles : repenser les moyens de protection, envisager d’autres leviers de gestion, et construire ensemble de nouvelles solutions. »

Claude Font, éleveur de brebis dans la Haute-Loire, référent du dossier prédation pour la FNO (Fédération Nationale Ovine)

Nombres de loups et de loups à prélever

Le comptage des loups en France est un élément central dans la gestion de l’espèce. Il est assuré chaque année par l’OFB, grâce à une méthode scientifique dite de capture-marquage-recapture, principalement fondée sur l’analyse ADN des traces collectées. Cette estimation permet de déterminer l’effectif moyen de la population lupine, qui conditionne ensuite le nombre de loups pouvant être prélevés légalement. En France, ce quota est actuellement fixé à 19 % de la population estimée, avec un seuil intermédiaire de 17 % au-delà duquel les tirs sont fortement restreints, et un plafond de 21 % en cas de situations exceptionnelles.

En 2024, l’OFB a estimé la population à 1 013 loups, en légère baisse par rapport à l’année précédente. Le quota de prélèvements a donc été revu lui aussi à la baisse. 192 loups peuvent être prélevés en 2025, contre 209 loups en 2024. Au 9 juillet 2025, 78 loups ont été abbatus[1].

Alors que la pression de prédation ne faiblit pas sur le terrain au 1er semestre 2025, plus de loups ont été prélevés qu’à la même période les années précédentes avec pourtant moins de loups estimés en 2024. Le quota annuel étant plus bas, les tirs sont désormais freinés voire bloqués dans certains territoires, alors même que les attaques se poursuivent.

Ce décalage entre la pression de prédation sur les troupeaux et les limites administratives de tirs est fortement critiqué par la FNO qui estime que la méthode de comptage sous-évalue la réalité du terrain, notamment parce qu’elle ne prend pas en compte certains territoires récemment colonisés. La FNO demande donc une plus grande transparence sur les chiffres, une actualisation plus fréquente du comptage, et la possibilité de moduler le quota en cours d’année en fonction de l’intensité des attaques.

Pour la FNO, il est impératif d’éviter que des quotas rigides ne paralysent les éleveurs, au détriment de la survie des fermes. Le nombre de loups ne doit pas être un objectif de conservation figé, mais un levier de gestion dynamique, adapté à la réalité du terrain.

[1] DREAL AURA

Analyse de vulnérabilité territoriale et mesures de protection

Le Plan national Loup 2024–2029 introduit la notion d’analyse de vulnérabilité territoriale, un outil destiné à mieux cibler les territoires où les troupeaux sont les plus exposés à la prédation. Dans la Nièvre, par exemple, cette analyse vise à identifier les pâturages les plus sensibles en tenant compte de critères locaux tels que le relief, le type d’élevage (souvent extensif), ou encore l’absence de protection naturelle. La cartographie, répartie en cercles de 0 à 3, permet d’adapter les aides et les dispositifs en fonction du niveau de protégeabilité des élevages.

L’objectif est de mieux tenir compte des spécificités de chaque territoire : configuration des parcelles, organisation des élevages, faisabilité concrète des mesures de protection. En théorie, cette approche doit permettre une répartition plus juste des soutiens publics, mieux alignée sur les réalités du terrain.

Mais dans la pratique, la mise en œuvre reste très incomplète, notamment en ce qui concerne l’accompagnement humain et technique des éleveurs. La FNO alerte depuis plusieurs mois sur la charge de travail supplémentaire liée à l’installation de clôtures, la surveillance accrue ou encore la gestion des chiens de protection. Une enveloppe budgétaire de 1,5 million d’euros, initialement prévue par le ministère de l’Agriculture pour soutenir les exploitations en besoin de main-d’œuvre, a finalement été réaffectée à d’autres priorités budgétaires par Matignon, provoquant l’incompréhension de la profession.

Pour la FNO, il est inacceptable que des aides cruciales soient détournées, alors que la pression de prédation s’intensifie. Elle réclame un financement pérenne, et une prise en compte réelle de l’impossibilité de protéger certains troupeaux. La fédération demande également que la vulnérabilité soit reconnue comme un critère prioritaire d’éligibilité aux tirs de défense et aux indemnisations, afin de ne pas pénaliser les éleveurs dont la topographie rend la protection difficile, voire irréaliste.

Nouveau protocole de tirs pour les bovins

Le nouveau protocole de tirs du Plan Loup 2024–2029 introduit des évolutions notables, notamment pour les élevages de bovins, jusqu’ici moins bien couverts par les dispositifs de défense.

En 2024, la pression exercée par les loups sur les élevages bovins s’est encore intensifiée. La part des bovins concernés dans les attaques lupines atteint désormais 10 % du total. En Bourgogne-Franche‑Comté, 84 bovins ont été victimes de la prédation, l’an passé[1].

Désormais, des tirs de défense simple peuvent être autorisés dès la première attaque sur des bovins, si l’éleveur a mis en place une mesure de réduction de vulnérabilité (à choisir parmi une liste définie par l’arrêté ministériel du 21 juin 2025).

Toutefois, la FNO estime que ces avancées restent insuffisantes. Elle demande une plus grande réactivité des services de l’État, une simplification des démarches administratives et surtout une prise en compte plus large des pertes indirectes. Pour la FNO, les tirs doivent s’inscrire dans une logique de protection immédiate et efficace, adaptée aux réalités du terrain.

[1] DREAL

Revalorisation des pertes indirectes

La question des pertes indirectes liées à la prédation est un point de tension majeur entre les éleveurs et l’État. Si les pertes directes (animaux tués ou blessés) sont indemnisées, les conséquences indirectes comme les avortements, la baisse de production, les troubles de reproduction ou l’abandon de parcelles, sont encore largement sous-évaluées. La FNO souhaite depuis plusieurs années une revalorisation des indemnisations, plus juste et plus représentative de la réalité du terrain.

En 2024, un accord de revalorisation avait été trouvé, intégrant une meilleure prise en compte de la valeur génétique des animaux, notamment pour les béliers de sélection. L’évaluation réalisée par Races de France proposait un montant d’indemnisation jugé conforme à leur valeur économique et zootechnique. Cependant, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA) a bloqué l’accord, craignant qu’un tel niveau d’indemnisation ne crée une jurisprudence applicable à d’autres domaines, notamment le sanitaire.

Pour la FNO, ce refus est inacceptable : il prive les éleveurs d’une juste reconnaissance de leur travail de sélection et des pertes réelles subies. Elle demande la reprise immédiate des négociations et une approche différenciée entre la prédation et d’autres sujets, afin d’éviter l’instrumentalisation budgétaire d’un dossier avant tout économique et humain.

Statut juridique du chien de protection

Le nouveau Plan Loup 2024–2027 prévoit la création d’un statut juridique dédié pour les chiens de protection, en les reconnaissant comme des chiens de travail, ce qui simplifierait les règles applicables et sécuriserait les utilisateurs. Actuellement, ces chiens sont soumis aux mêmes normes environnementales que les chenils, ce qui crée une insécurité juridique pour les éleveurs et complique la détention lorsque plusieurs chiens sont utilisés.

Le CGAAER a souligné en 2023 la nécessité d’exclure les chiens de protection de certaines contraintes administratives, et de clarifier la responsabilité civile et pénale liée à leurs interventions. Il recommande aussi de structurer la filière via une charte nationale de bonnes pratiques, des évaluations comportementales et des actions de médiation favorisant la cohabitation avec les riverains.

La FNO soutient activement ces orientations et demande un cadre sécurisé et simplifié, notamment en matière de divagation, nuisances sonores et transports liés aux chiens de protection. Elle revendique également que les aides soient conditionnées à l’usage de chiens issus d’une filière agréée, formés selon les bonnes pratiques.

Malgré quelques avancées inscites dans la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture de mars 2025, pour la FNO ces évolutions sont essentielles pour encourager l’adoption de ces dispositifs efficaces tout en réduisant les freins administratifs, juridiques et les tensions sociales sur le terrain. Une meilleure reconnaissance du rôle de ces chiens permettrait de renforcer la résilience des élevages face à la prédation.