
Vice-président de la Communauté de Communes du Canton de la Chambre (4C), en charge du tourisme et de l’agriculture, Pierre-Yves Bonnivard est maire de Saint-Colomban-des-Villards dans la vallée de la Maurienne en Savoie. Cette petite commune qui compte 180 habitants à l’année se situe à mi-pente du Col du Glandon à 1 100 mètres d’altitude. L’hiver, le village est une porte d’entrée du domaine skiable des Sybelles et l’été, une destination prisée des randonneurs. Elle compte aussi 6 fermes d’élevage et accueille, chaque été, des troupeaux transhumants des Bouches du Rhône ou de communes voisines. Ce sont près de 400 vaches et 16 000 brebis qui pâturent sur les alpages de cette commune.
« La présence des loups sur ma commune génère un conflit d’intérêt entre les différentes activités : l’agriculture, l’élevage et les touristes ou la population locale.
Les éleveurs sont attaqués, il mettent en place des mesures de protection. Et les chiens de protection, l’une des principales mesures, créent des conflits d’usage qui sont ingérables. Même si le Plan National Loup propose des chiens de lignée bien précise pour protéger le troupeau, ils ne laisseront pas tranquilles pour autant les randonneurs. Les usagers vont de plus en plus dans les Offices de Tourisme pour demander où se trouvent les troupeaux avec les chiens. Ils veulent les éviter. Leur présence les empêche d’emprunter certains sentiers ou de monter à certains lacs.
Ce printemps, en mai, un éleveur transhumant arrive avec son troupeau. Le chien, un peu énervé de se retrouver en alpage, sautait systématiquement par-dessus le parc dès que des voitures ou des cyclistes passaient sur la route. Il mordait les gens et c’était au bord de la route. J’ai de nombreux autres exemples comme celui-ci qui se déroulent en alpage, dans un hameau ou encore dans le village, sur ma commune ou sur d’autres, dans d’autres départements ou régions.
Cette situation est très compliquée à gérer pour un maire, je ne veux pas avoir à choisir entre les différentes activités présentes et indispensables sur le territoire. Chacune a son intérêt. Si les touristes viennent chez nous c’est parce que nous avons de beaux paysages et que ces paysages sont entretenus pas les élevages depuis des siècles. Je ne veux pas avoir à dire quelle combe est réservée telle année à telle activité. Ce n’est pas possible. Je ne veux pas non plus signer des arrêtés municipaux pour interdire la randonnée dans certains sentiers, durant une certaines périodes car il y a des moutons avec les chiens pour les protéger des attaques des loups. »