Claude Font dénonce un plan loup déconnecté du terrain, l’échec d’un système à bout de souffle

Installé à Auzon, en Haute-Loire, Claude Font élève 450 brebis et des vaches laitières en Gaec à 3 associés. Depuis 2014, il est référent “loup” de la Fédération nationale ovine (FNO). À ce titre, il sillone la France à la rencontre des éleveurs prédatés et participe aux concertations organisées par l’État, notamment au sein du Groupe National Loup.

Le retour du loup en France bouleverse profondément l’élevage. En décembre 2024, l’Office français de la biodiversité (OFB) estimait à 1 013 le nombre de loups présents sur le territoire. En mai 2025, 59 départements avaient subi une prédation, bien au-delà des seules zones pastorales traditionnelles. «Les mesures proposées ne sont pas adaptées et adaptables à tous les territoires », explique-t-il.

“Cela fait 30 ans qu’on applique les mêmes recettes et que la situation empire.” Prédation, victimes, territoires concernés : tous les indicateurs sont à la hausse malgré les efforts de protection. Le constat est sans appel. « On abat plus de loups, on dépense toujours plus d’argent, mais on n’enraye pas la prédation. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 40 millions d’euros sont investis chaque année dans les mesures de protection, sans résultat tangible. Le nouveau Plan national loup 2023-2029 n’échappe pas à la règle : il est déjà un échec. Les protocoles de tir évoluent, mais la pression de prédation reste forte. Pire : « Cette année, une instruction préfectorale limite la sortie des louvetiers. C’est bien la preuve que le plan national loup est un échec. L’Etat ne gère pas la pression de prédation, l’état gère les chiffres de prélèvements. »

Pour Claude Font, la clé est ailleurs : dans l’innovation et la réinvention. « Il faut arrêter ce système. Pensons à de nouveaux moyens de protection, avec les nouvelles technologies. » À ses yeux, l’estimation de la population lupine, sur laquelle repose tout le plan, est contestable, et d’ailleurs chaque année contestée. Elle ne satisfait ni les éleveurs et leurs organisations professionnelles, ni les associations écologistes.

L’enjeu est aussi politique. Tout le monde veut son quota de loups, son taux de prélèvement… mais il faut une stratégie globale.” À la FNO, l’objectif est clair : réduire la pression de prédation. Le tir peut être une solution, mais il ne peut être l’unique réponse.

Claude Font exprime aussi sa déception face aux discours politiques. « On nous dit ce qu’on a envie d’entendre, mais sur le terrain, rien ne change. On reste figés sur des obligations de protection, des estimations de population, des pourcentages de prélèvements. »

La FNO ne lâche pas le dossier.” Si les avancées sont lentes, elles existent, comme pour la revalorisation des pertes indirectes. « C’est un travail de fond, un accompagnement. On ne solutionne pas la prédation du jour au lendemain. Mais la FNO continue sans relâche pour venir en aide aux éleveurs et à leurs familles. »