Le lynx boréal (Lynx lynx), aussi appelé lynx d’Europe, est le seul félin sauvage présent en France. Il fait partie de la même famille que le tigre, le guépard ou le chat domestique.

Portrait d’un chasseur silencieux

Ce félin mesure entre 80 et 110 cm de long (hors queue), environ 60 cm au garrot, pour un poids d’environ 20 kg.
Il est facilement reconnaissable à ses :

  • oreilles triangulaires coiffées de pinceaux noirs,
  • joues à longs poils appelés favoris,
  • et à son pelage tacheté, dont la couleur varie du jaune-roux au gris.

Le lynx est un animal solitaire et nocturne. Il passe la journée caché dans des buissons ou des rochers, et sort chasser la nuit.

Un carnivore spécialisé… mais un danger pour l’élevage

Le lynx est un carnivore strict qui se nourrit principalement d’ongulés de taille moyenne comme les chevreuils ou les chamois. Mais il s’en prend également aux moutons, notamment lorsqu’ils sont en plein air.

Contrairement au loup ou à l’ours, le lynx tue peu à chaque attaque, mais certains individus peuvent s’acharner sur un même troupeau ou une même exploitation, causant des dégâts importants dans la durée.

Une menace difficile à contenir

Le lynx est un animal très agile : il grimpe aux arbres et peut bondir sur plusieurs mètres.
Ces capacités physiques lui permettent de contourner facilement les dispositifs de protection, même ceux conçus pour le loup. Cela pose des défis spécifiques en matière de coexistence avec l’élevage.

La population lynxienne

En France, malgré un déclin observé au 19ème et 20ème siècle, la population de lynx s’est renforcée depuis plusieurs années, suite à un programme de réintroduction dans les Vosges dans les années 1990, et à des réintroductions en Suisse qui ont permis la recolonisation naturelle des massifs du Jura et des Alpes. L’aire de présence du Lynx en France a doublé ces vingt dernières années.

Aujourd’hui on ne connaît pas le nombre exact de lynx dans le pays, mais il semble que l’effectif soit entre 100 et 150 individus : la majeure partie (80%) se trouve dans le massif Jurassien.

LE SAVIEZ-VOUS

Le lynx Boréal est une espèce très répandue en Asie (en Russie, en Chine, en Mongolie…) mais aussi en Europe. Elle ne fait pas partie des espèces menacées à l’échelle mondiale ni à l’échelle européenne. Sur notre continent, on estime le nombre de lynx à 10 000 individus.

Lynx Boréal (Lynx lynx)

Lynx du canada (Lynx canadensis)

Lynx pardelle (Lynx pardinus

Lynx roux (Lynx rufus)

Répartition des 4 espèces de lynx dans le monde (Source : Laurascudder Craig PembertonCC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

Les dégâts du lynx

On dénombre jusqu’ici environ une centaine d’animaux domestiques victimes du lynx chaque année. Les premiers travaux du PNA font état de 46 à 102 attaques par an en France ; ce qui correspond à 59 à 176 animaux indemnisés par an sur les dix dernières années.

Les dégâts causés par le lynx à l’élevage sont donc moindres comparés au loup ou à l’ours, toutefois la particularité du lynx est de parfois se spécialiser sur certains troupeaux, engendrant de nombreuses attaques répétées sur la même exploitation.

Selon les travaux du COPIL du PNA, l’activité de chasse est la plus confrontée aux dégâts de lynx, ses proies principales étant les ongulés, notamment chevreuils et chamois

 

 

Le coût du lynx

–> Données non-communiquées par les pouvoirs publics

@Anselme Basset

Le cadre juridique

Le lynx boréal est une espèce strictement protégée

Le lynx boréal est protégé au niveau international et européen par les mêmes textes qui régissent le loup (canis lupus) et l’ours (ursus artos) – voir encadré infra. Contrairement à ces derniers, le lynx est classé dans la Liste rouge nationale établie selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), dans la catégorie « En Danger ». Les conclusions du Muséum national de l’histoire nationale (MNHN) indiquant une baisse de la population ont jeté les prémices de l’élaboration d’un plan national d’actions pour la préservation de l’espèce en France.

Un plan national d’actions en faveur du lynx boréal en vigueur depuis février 2022

Ce plan national d’actions (PNA) a pour objectif de rétablir le Lynx boréal dans un bon état de conservation à un horizon de 5 ans, en définissant avec les différents acteurs concernés la stratégie d’expansion géographique de la présence du lynx, et la viabilité à long terme sur le territoire national. Le Plan a également pour ambition d’accompagner les acteurs économiques (éleveurs et chasseurs) à coexister avec ce grand prédateur. Le consensus politique affiché est que ce ne sera ni un plan de réintroduction, ni un plan de régulation pendant les 5 années du PNA Lynx.

Le plan est piloté par le Préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, en s’appuyant sur la coordination de la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Bourgogne-Franche-Comté et la rédaction de l’Office Français de la Biodiversité (OFB).

Les axes de travail identifiés à ce stade pour assurer la bonne mise en œuvre de ce PNA et qui concernent directement ou indirectement l’élevage sont :

AXE  1 :  Améliorer la coexistence avec l’élevage

  • Réduire les conflits avec les activités d’élevage
  • Informer, sensibiliser et échanger avec le monde de l’élevage
  • Étudier l’influence humaine en termes de dérangement sur l’espèce

AXE 2:  Réduire les menaces sur la viabilité de l’espèce et lever les freins de son expansion

  • Suivi de la population de lynx
  • Lutte contre les destructions illégales
  • Optimiser la prise en charge des lynx en détresse ou en difficulté temporaire et leur réhabilitation
  • Suivi génétique

AXE 3 : Communiquer, sensibiliser, valoriser le PNA

  • Développer les outils d’information, de sensibilisation et d’éducation

AXE 4 : Animation, suivi, et évaluation du PNA

Le texte complet du PNA ainsi que les fiches actions sont disponibles sur la page dédiée de la DREAL BFC https://www.plan-actions-lynx.fr/

Au niveau international

  • Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe ;
  • Convention de Washington du 3 mars 1973 relative au contrôle du commerce international des espèces de flore et de faune menacées d’extinction.

Au niveau européen

  • Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.

Au niveau national

  • Code de l’environnement aux articles L.411-1 et 2 et R. 411-1 à R. 411-5 ;
  • Arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des espèces de mammifères protégés sur le territoire national
  • Plan national d’actions en faveur du lynx boréal 2021-2030 (en cours d’élaboration)