Une filière stratégique pour les territoires ruraux

La filière ovine joue un rôle central dans l’agriculture française, en particulier dans les zones à faible densité agricole. En 2024, la France comptait environ 30 000 élevages de brebis, avec un cheptel de 5 millions d’animaux destinés à la production de viande et de lait.

L’élevage ovin est fortement implanté dans les zones difficiles (montagnes, causses, garrigues…) où il valorise des terres non mécanisables. Il contribue à l’entretien des paysages ouverts et à la prévention des risques naturels comme les incendies ou les avalanches.

La production repose sur des systèmes extensifs, essentiellement constitués de petits et moyens élevages, qui tirent parti des ressources naturelles locales.

Economie & emploi

Une activité vitale pour le tissu rural

En France, près de 250 000 exploitations agricoles élèvent des ruminants, générant 500 000 emplois directs. Dans les grandes régions d’élevage, jusqu’à un tiers des emplois sont liés à la chaîne agroalimentaire.

L’élevage ovin est essentiel à l’économie des zones rurales fragiles, où il maintient des activités humaines, des commerces et des services.
Près de 80 % du cheptel ovin est élevé dans des zones à handicap naturel : montagnes, plateaux secs, zones humides…

Ces élevages structurent les territoires en préservant des emplois non délocalisables et en renforçant le lien social. Ils contribuent aussi à l’attractivité touristique des campagnes.

Circuits courts & produits de qualité

Une filière ancrée dans les territoires

La filière ovine valorise la diversité des territoires et des savoir-faire grâce à une grande variété de races, de pratiques d’élevage et de circuits de commercialisation.

  • 20 % des éleveurs pratiquent la vente directe.
  • Plus de 40 signes officiels de qualité distinguent la viande d’agneau et le lait de brebis (Label Rouge, IGP, AOP…).
  • L’agneau français bénéficie d’un fort capital d’image, qui reste à valoriser davantage.

Malgré ses atouts, la France reste importatrice nette de viande ovine, ne couvrant que 41 % de sa consommation intérieure en 2024.
Ce déficit révèle un potentiel de développement, à condition de renforcer la structuration de la filière, d’améliorer les performances d’élevage et d’assurer le renouvellement des générations.

 Paysages & biodiversité

Un élevage indispensable à l’équilibre des écosystèmes

L’élevage de plein air est un pilier de la biodiversité. Depuis des millénaires, il façonne des paysages emblématiques : prairies humides, pelouses sèches, alpages…

Les troupeaux jouent un rôle écologique majeur :

  • Préservation des milieux naturels ouverts
  • Prévention des incendies de forêts et des avalanches par le pâturage maîtrisé
  • Entretien des paysages reconnus à l’échelle mondiale : Parcs nationaux, Zone Natura 2000, UNESCO (Causses et Cévennes). Ces milieux abritent de nombreuses espèces végétales et animales menacées, dont l’équilibre dépend directement de la présence régulière des troupeaux.

L’élevage est aussi une source de biodiversité domestique, avec une grande variété de races locales.

Le danger que représente la prédation pour cet équilibre

L’élevage extensif repose sur la présence continue des animaux sur les parcours. Ce lien direct avec les espaces naturels, essentiel à leur entretien, rend les troupeaux particulièrement vulnérables aux prédateurs.

La pression de la prédation a des effets en chaîne :

  • Abandon progressif de certains alpages ou pâturages trop exposés
  • Repli des activités pastorales vers des zones plus sûres mais moins écologiquement favorables
  • Enfrichement rapide des milieux ouverts
  • Dégradation des habitats d’une multitude d’espèces protégées

Dès 2014, 34 scientifiques de tous horizons lançaient un appel à préserver les écosystèmes pastoraux face à la montée de la prédation :

« Le repli des activités pastorales provoquera l’enfrichement et la dégradation des habitats d’une kyrielle d’espèces protégées. »

Le loup, l’ours et le lynx, en multipliant les attaques, mettent en péril la présence des éleveurs et des troupeaux, et donc l’entretien de ces territoires fragiles. Si rien n’est fait, ce sont des écosystèmes entiers qui risquent de disparaître, faute d’entretien pastoral.

C’est parce que nos moutons pâturent à l’extérieur tout au long de l’année qu’ils sont si exposés à la prédation. Or, sans pâturage, pas de biodiversité, et sans biodiversité, les paysages que nous connaissons aujourd’hui – riches, ouverts, vivants – se fermeront et se dégraderont durablement.